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Reproduction de natures mortes

Longtemps considéré comme un genre mineur, encore ignoré de nos jours, la nature morte est pourtant une source et un témoignage d’histoire très important. Plus que la représentation brute d’aliments et de repas, la nature morte est la représentation d’une période, avec ses éléments, ses thèmes et ses symboliques. La nature morte peut comprendre les fruits, les bouquets, les repas et parfois même les insectes. Il s’agit d’un genre dans lequel le peintre peut se laisser aller à placer beaucoup de détails dans son tableau, mettant en scène sa virtuosité.

L’origine des tableaux de natures mortes

Dès l’Antiquité, on pense que le genre des natures mortes existe. Le célèbre artiste Piraïcos en serait même un spécialiste, lui qui s’intéressait tout particulièrement aux boutiques, aux victuailles et aux animaux agricoles. Selon certaines sources de l’époque, ce peintre aurait eu un succès énorme, vendant ses œuvres plus chères que la majorité de ses contemporains.
Il faut attendre 1504 pour voir ce genre atterrir dans le monde occidental moderne. Après le peintre italien Fede Galizia, qui l’intronise au grand public, c’est en Flande et en Hollande que ce genre de peinture fascine les plus grands pinceaux de l’époque. En effet, cela permet aux artistes de représenter un réel cru et brut, comme ils aimaient à le faire. Les natures mortes s’imposent sans doute à l’époque des scènes religieuses du primitif flamand (XVème et XVIème siècle). A cette période, les peintres accompagnent les scènes religieuses d’objets et compositions inertes afin de leur conférer une symbolique particulière. D’abord périphériques, ces considérations vont devenir centrales et former un genre à part entière.

Un genre artistique relatif aux sociétés de l’époque

Le terme de nature morte arrive au XVIIème siècle et devient important dans les pays du nord, notamment. Au fil des siècles, les peintures deviennent de plus en plus complexes et à l’aide d’allégories, de plus en plus riches de sens. Souvent, ces types de tableaux sont des critiques de la vanité et les artistes pointent du doigt la fugacité de la vie. Dans ce sens, les crânes souvent présents dans les peintures sont une représentation de la vanité et de la fragilité de la vie. Le but est de rappeler au spectateur sa condition de mortel. L’oeuvre proposée à la reproduction sur notre site intitulée Vanités nature morte, de Aelbert Jansz. Van der Schoor, le prouve tout à fait. Les verres, quant à eux, évoquent aussi la fragilité et insistent sur le caractère éphémère de toute chose. Les livres ouverts font référence au savoir humain, aux connaissances et au travail de fond que l’homme doit effectuer avant sa mort. De même, au fil du temps, les natures mortes prennent de nombreuses apparences. On distingue plusieurs écoles, selon les régions artistiques : il y a les peintres des fleurs, ceux des repas servis et de véritables spécialistes s’affirment. Généralement, les éléments clés des natures mortes se distinguent selon les centres artistiques. Dans les Flandres, on retrouve les « breakfast pieces », c’est-à-dire une juxtaposition d’objets mis en avant par des reflets de lumière sur une portion de table en perspective cavalière. L’idée peut être de provoquer l’appétence du contemplateur. En 1620-1630, on remarque un changement de tonalité chromatique dans les pays du nord. On parle désormais de peintures tonales. Les peintres se concentrent sur des coloris restreints déclinés à partir d’une seule tonalité. Cette approche tonale permet de peindre plus rapidement et donc d’augmenter sa production pour vendre d’avantage. S’éloignant de la phase tonale du début du siècle, la seconde moitié du XVIIème siècle met en lumière les objets précieux voire ostentatoires de l’époque.
Dans le sud, notamment en Espagne, c’est l’aspect géométrique qui est au centre des considérations. Les artistes mesurent les objets et les dépeignent avec minutie respectant l’impact de la perspective sur les grandeurs associées aux éléments. En France, on profite des natures mortes pour parfaire le clair obscur et on reprend majoritairement les techniques des pays nordiques.
Plus tard, les artistes se permettent d’intégrer des animaux aux scènes de nature morte pour rompre avec la quiétude de situations jugées souvent trop plates. On peut voir cette tendance dans Nature morte au singe, aux fruits et aux fleurs (1724) de Jean Baptiste Oudry.

La nature morte ou « imposer une émotion poétique »

Les natures mortes, comme dit précédemment, forment un baromètre intéressant des sociétés successives connues par les artistes. Chez les peintres classiques, comme Rubens, Vermeer, Rambrandt et plus largement l’école hollandaise, on y appréciait les objets du quotidien, sans facéties. A partir du XVIIIème siècle et comme cela fut le cas largement pendant la Renaissance, les natures mortes sont inondées d’allusions à l’Antiquité et aux civilisations grecques et romaines. Ensuite, au XIXème siècle, avec par exemple Eugène Delacroix, on assiste à un genre qui mêle art et science. La suite du siècle, marquée par les impressionnistes, donnent d’avantage de considération à l’aspect technique de la peinture. La couleur et la transmission des émotions deviennent les enjeux majeurs les compositeurs.
Charles Sterling, historien de l’art du XXème siècle, résume : « Une authentique nature morte naît le jour où un peintre prend la décision fondamentale de choisir comme sujet et d'organiser en une entité plastique un groupe d'objets. Qu'en fonction du temps et du milieu où il travaille, il les charge de toutes sortes d'allusions spirituelles, ne change rien à son profond dessein d'artiste : celui de nous imposer son émotion poétique devant la beauté qu'il a entrevue dans ces objets et leur assemblage. »