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Reproduction de tableau de Camille Pissarro

Camille Pissarro est un artiste majeur du mouvement impressionniste. Le peintre français, né aux antilles danoises, a en effet participé activement au mouvement grâce à son art, particulièrement apprécié pour ses paysages naturels et ses scènes de ruralités mais aussi pour sa dévotion humaine et ses amitiés intenses avec les artistes de sa génération et même de celle d’après. A l’image de la majorité de ses collègues, il vit une carrière difficile où ses tableaux sont presque toujours refusés par les salons académiques et le manque de reconnaissance des critiques criant.

Peindre et voyager

Camille Pissarro naît en 1830 à Saint-Thomas (Îles Vierges actuelles), sur un territoire danois. Sa mère est une Française créole et son père est d’origine portugaise. Le peintre conserve toute sa vie sa nationalité danoise.
Initialement, sa famille veut le voir réussir dans le commerce, comme son père qui possède une entreprise de quincaillerie. Son passe-temps préféré, pourtant, est de peindre. Il aime observer des situations de la vie quotidienne sur son île et en faire des compositions. On remarque, au départ, une technique plus approximative que les spécialistes expliquent par le manque de confiance qui l’anime (il peint en sachant que ses parents n’aiment pas cela). C’est à Paris qu’il développe son art. Il y déménage à douze ans, d’abord dans la ville de Passy (actuel seizième arrondissement de Paris). Il rencontre Claude Monet d’abord, puis Paul Cézanne, à l’académie Suisse. Il étudie également aux Beaux-Arts et durant sa formation d’artiste il suit les cours de maîtres comme François-Edouard Picot, Henri Lehman, Isodore Dagnan ou encore Fritz Melbye. Entre temps, en 1847, il part deux années au Venezuela, où il peint sans arrêt. Son ambition lors de ce voyage était de couper avec sa vie bourgeoise.

Tête de file des impressionnistes

L'origine étrangère et surtout antillaise de l'artiste s’entrevoient dans ses premières compositions. Son art est rapidement caractérisé par une énergie importante et des coups de pinceaux décidés.
Il a une révolution en observant les œuvres de Camille Corot, l’un des plus grands paysagistes. C’est probablement à la suite de cette découverte qu’il se met, comme Corot, à peindre « sur le motif », c’est-à-dire directement sur place. Techniquement, Camille Pissarro prend également exemple sur Courbet. Comme lui, il applique sa peinture en de larges aplats, avec des couteaux à palette conférant calme et sérénité à ses éléments. En ce qui concerne la composition et l’agencement, il semble s’inspirer de Charles Daubigny. Souvent, celui-ci scindait son tableau en deux parties, comme par exemple l’eau et le ciel avec un fin paysage entre les deux. Pour ce qui est des thématiques, Camille Pissarro partage une passion pour la ruralité avec Jean-François Millet, qu’il admire également. Cet intérêt est particulièrement visible dans La Récolte, Pontoise (1881), tableau que nous proposons à la reproduction.
Pourtant, prendre exemple sur deux des artistes les plus en vogue à cette période ne fait pas de Camille Pissarro un peintre lui-même reconnu par les critiques. Ses tableaux, dans les années 1860, ne sont pas souvent acceptés dans les expositions officielles et il doit se résoudre à prendre part au Salon des refusés, en 1863. Il est également de la première exposition impressionniste en 1874. Dans le début des années 1880, Pissarro est, avec Degas, le seul à participer à toutes les expositions impressionnistes et l’un des leaders du mouvement.
Camille Pissarro réalise quelques œuvres acceptées par le Salon comme La cote de Jallais, Pontoise (1867). Cette composition qui marie puissance, charme et plénitude montre toutes les qualités de composition de Pissarro. Il se sert en effet des feuillages à droite pour établir une diagonale mettant en valeur son horizon vertical créé avec le paysage. De même, les courbes des champs au loin répondent à l’arrondi de la route, au premier plan. Tous ces jeux géométriques donnent un attrait au tableau.

Camille Pissarro, l’artiste aimé de tous les artistes

En 1860, Camille Pissarro rencontre sa future femme, qui est alors la domestique des Pissarro. Cette union est désaprouvée par son père et cela vaut à Camille de ne plus bénéficier du support économique de ses parents. A partir de ce moment, il connaît des difficultés financières importantes. Au sein même des impressionnistes, pourtant tous touchés par des critiques et un manque de reconnaissance, Pissarro est loin d’être le peintre le mieux évalué. A côté de Renoir ou Monet, il vend ses compositions à des prix dérisoires.
En 1866, il s’installe à Pontoise, où aucun autre peintre ne s’était encore imposé. En multipliant les œuvres des paysages de la ville et ses environs naturels, il y a associé son nom comme Corot avec Barbizon, par exemple. Au moment de la guerre franco-prussienne, Pissarro quitte la région parisienne et trouve refuge à Londres, où il continue de cotoyer Monet et rentre en contact avec le marchand d’art Paul Druand-Ruel. A son retour en France, il retrouve son atelier pillé et sur près de mille cinq cent toiles, il ne remet la main que sur quelques dizaines. Ainsi, il doit peindre d’avantage pour subvenir aux besoins de sa famille et démultiplie les compositions à Louveciennes. On peut penser à Neige à Louveciennes (1864-1874), exemple d’oeuvre qu’il y peint.
La curiosité intellectuelle dont dispose l’artiste se voit non seulement dans ses œuvres mais aussi dans ses rapports humains. Dans ses tableaux, il accorde une grande importance à l’action humaine et semble se mettre à la place de ses sujets pour retranscrire avec fidélité les émotions que traversent les individus en plein mouvement. Selon les spécialistes, Pissarro est le « peintre du travail ». Il sait montrer l’évolution de la société au XIXème siècle. Camille Pissarro était doté d’un caractère particulièrement aimable. Cela combiné à sa forte sociabilité, voire son besoin d’être entouré, donne une vie de collaboration intense pour le peintre. Outre Corot, de qui il a pu apprendre directement pour l’avoir cotoyé longtemps, il est très proche de Daubigny de 1861 à sa mort en 1878. Claude Monet est également l’un de ses grands amis, amitié que prouve le prêt important de Monet à Pissarro en 1884, qui permet à ce-dernier de s’offrir une maison dans l’Oise.
Contrairement à de nombreux artistes, braqués sur leur vision de l’art, Camille Pissarro se montre très ouvert aux nouvelles conceptions artistiques et aux styles de la génération suivante. Ainsi, il participe activement à faire éclore des talents comme Seurat, Gauguin ou encore Cézanne. Il comprend qu’ils représentent l’avenir et le post impressionnisme. Avec Cézanne, l’artiste collabore entre 1872 et 1881. C’est lui-même qui incite Cézanne à peindre ses tableaux en plein air. Paul Gauguin, lui, achète de nombreuses toiles à Pissarro. Enfin, en ce qui concerne Seurat, qu’il rencontre en 1885, c’est une amitié forte qui se créé entre les deux. Camille Pissarro adore le style de Seurat (son pointillisme) et tente même de s’en inspirer, à sa manière.